Il ne faudrait pas croire que toutes les femmes qui mettent des vidéos en ligne sur Youtube ne pensent qu'à se coiffer, assortir leur rouge à lèvres à leurs chaussures ou fabriquer des cup-cakes rose bonbon.

« Youtube est une mini société » explique Amélie Coispel et comme dans le reste de la société, les femmes ont bien du mal à se faire une place.

Alors, avec une dizaine d'autres jeunes femmes elle a fondé l'association (nationale) Les Internettes pour les aider à se faire connaître.

 

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Questions à la régionale de l'équipe, journaliste du côté de Saint-Brieuc.

 

Breizh Femmes - Qu'est-ce qui se cache derrière le projet « Les Internettes » ?

Amélie Coispel – Au début, c'était un collectif ; depuis juillet dernier, c'est devenu une association. L'objectif est de contribuer à mettre en valeur la création féminine sur Internet et principalement sur Youtube. On a constaté que Youtube était une mini société qui à l'image du reste de la société accorde moins de visibilité aux femmes qu'aux hommes. Et celles qui réussissent à émerger sont souvent victimes de remarques sexistes. Par ailleurs, pour émerger il faut créer et comme il existe peu de modèles féminins, finalement, peu de femmes osent se lancer. Notre but est donc de valoriser les femmes mais aussi d'encourager leurs initiatives. Les Internettes, c'est un site, une page facebook et un compte Twitter sur lesquels nous partageons deux fois par jour les chaînes des youtubeuses un peu connues mais surtout des vidéastes dont on ne parle pas du tout. Et puis, depuis que nous avons une petite notoriété, les gens commencent aussi à nous envoyer leurs propres découvertes.

Breizh Femmes - Quand vous dites « nous » de qui parlez-vous exactement ?

Amélie Coispel – Nous sommes une dizaine de femmes, vidéastes, journalistes, dans le milieu de la communication... ou pas. Finalement, nos professions ont peu d'incidences sur notre association. Simplement, nous avions toutes fait le même constat et c'est ce qui nous a rapprochées. Dans le groupe, il n'y a pratiquement que des Parisiennes ; je suis la seule à vivre en Bretagne. En fait, je suis Normande, mais j'habite dans les Côtes d'Armor depuis un an où je suis journaliste. Ma mère m'a transmis des valeurs de féminisme sans forcément mettre le mot dessus ; c'étaient plutôt des valeurs d'égalité, en fait. Puis, je me suis fait mes propres idées à partir de mes lectures et un jour ma mère m'a dit : « finalement, tu es plus féministe que moi ! » Le féminisme fait vraiment partie de notre démarche et nous l'assumons pleinement. Etre présente sur Youtube c'est comme prendre la parole en public et les femmes ne sont pas habituées à ça. Nous pensons que notre sensibilisation va plus loin et que tout ce qu'on peut entreprendre sur Youtube a des incidences dans la vie quotidienne de ces femmes.

 

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Breizh Femmes – Quels sont vos critères de choix des vidéos ?

Amélie Coispel – Nous n'avons pas vraiment de critères de choix. Il faut juste être une femme et être francophone. Les sujets sont extrêmement variés. Tout le monde pense que sur Youtube les femmes ne font que des « tutos » beauté ; bien sûr nous en avons, mais il y a également des femmes qui parlent de culture, de jeux vidéos, de sciences ou de n'importe quel sujet de société. Nous avons beaucoup de créations du type « do it yourself » ; nous partageons le blog d'une jeune Française qui voyage en Amérique ou celui d'une jeune femme sourde qui enseigne la langue des signes. Par contre, quand nous partageons une vidéo, nous nous assurons que la vidéaste aura les épaules suffisantes pour faire face aux éventuelles remarques ou critiques. S'il s'agit de quelqu'un qui n'est pas encore très rodée, qui a peu d'abonné-e-s, nous préférons l'accompagner voire même lui donner des conseils avant de partager.

Breizh Femmes - Les Internettes viennent de lancer une campagne d'adhésion, quels sont vos projets ?

Amélie Coispel – En effet, nous avons lancé une campagne d'adhésions début octobre. L'idée c'est d'élargir un peu nos activités en proposant différentes choses à nos adhérent-e-s. La première sera la diffusion, début janvier sans doute, d'un documentaire que nous avons réalisé en interne avec des interviews de vidéastes un peu connues dans la communauté Youtube mais pas forcément du grand public. Ensuite, nous prévoyons d'organiser des Master Class réservées aux femmes qui souhaiteraient se lancer pour les aider à créer mais aussi à gérer une communauté, à répondre aux commentaires parfois haineux et puis sur des questions plus techniques comme le montage, etc. Enfin, notre gros projet serait l'organisation d'un camp d'été, un week-end en Normandie, pour un groupe de vingt-cinq femmes qui repartiraient avec un projet ficelé et leur propre chaîne ! Je ne peux pas encore en dire plus mais nous devrions avoir comme intervenant-e-s des figures bien connues de la communauté Youtube !

Propos recueillis par Geneviève ROY