Comme chaque année, la CFDT 22 , partenaire de la Maison des Femmes de Saint-Brieuc, a voulu à sa façon célébrer le 8 mars, journée internationale des droits des femmes.

En 2016, ce sont les hommes qui ont été sollicités pour aller « mener l'enquête » auprès de leurs collègues femmes sur la question des inégalités professionnelles.

Les résultats de l'enquête ont fait l'objet d'une exposition d'affiches, révélée au public le 16 mars à la Maison des Syndicats, et qui devrait se déplacer dans le département prochainement.

Par ce travail, la CFDT des Côtes d'Armor veut participer à la prise de conscience collective.

 

CFDT22

 

 

 Trois questions à Anne Pouzeratte, secrétaire départementale

En quoi consiste votre projet « les hommes mènent l'enquête » ?

Cette année, nous voulions faire quelque chose de concret et l'idée nous est venue d'impliquer les hommes. Nous avons créé une enquête et nous avons sondé les secrétaires généraux des syndicats pour voir quelles sections pourraient être intéressées. Nous avons eu des contacts dans des entreprises comme Orange mais aussi des établissements publics comme la Poste par exemple. Au total cinq branches professionnelles ont participé avec des salariées de tout type de fonctions, avec ou sans responsabilité, des ingénieures mais aussi des assistantes maternelles. L'idée c'était qu'un ou plusieurs hommes aillent interviewer des femmes sur leurs conditions de travail et ce qu'elles aimeraient améliorer puis qu'il-s fasse-nt ensuite des propositions d'actions pour plus d'égalité. Il nous est revenu vingt-six enquêtes remplies et nous avons réalisé vingt-six panneaux pour les présenter au public, avec d'une part le témoignage d'une femme et d'autre part la ou les proposition-s d'action de l'homme enquêteur.

egalitecfdt

 

Qu'est-ce qui ressort de cette enquête ?

Les femmes dénoncent les inégalités salariales et la difficile conciliation vie au travail/vie de famille. C'est ce qui revient le plus. Elles considèrent qu'elles doivent organiser plus de choses que les hommes en dehors du travail et que c'est pour elles une difficulté supplémentaire pour accéder aux postes à responsabilité ou évoluer dans leurs carrières. Certaines demandent plus de partages des tâches avec les hommes mais aussi des crèches d'entreprises. Elles parlent de remarques sexistes, d'humiliations vécues sur leurs lieux de travail notamment quand elles sont cadres. Elles disent que l'évolution professionnelle d'un homme dans une entreprise est toujours plus rapide que celle d'une femme. [voir les extraits des témoignages en fin d'article - nldr] En fait, ces femmes disent des choses qu'on savait déjà mais de façon un peu anonyme. Là, c'est avec leurs prénoms, leur âge, le nombre d'enfants qu'elles ont, etc. Quand on lit toutes les enquêtes les unes à la suite des autres, c'est très touchant. Nous avons aussi pu constater que les outils qui existent ne sont pas toujours utilisés dans les entreprises, comme par exemple les rapports de situations comparées ou les négociations annuelles obligatoires qui peuvent permettre d'intégrer des rattrapages de salaires.

Quelle suite aura ce travail ?

Nous voulons donner de l'avenir à cette action. Notre objectif était de participer à la prise de conscience collective des hommes et des femmes. Et nous allons poursuivre l'enquête ; il faudrait que d'autres sections s'en emparent. Nous souhaitons aussi diffuser plus d'informations sur cette thématique. A l'occasion du vernissage de l'exposition le 16 mars à Saint-Brieuc, nous avions réuni de la documentation de la CFDT ou de l'ARACT et nous avons pu échanger avec les personnes qui sont venues. Moi, je suis très sensible à cette question, mais ce n'est pas notre mission principale. Pour pouvoir travailler plus à fond, il nous faudrait davantage de moyens, notamment au niveau régional. Quant à l'exposition elle-même, nous allons la faire circuler dans d'autres lieux ; pour l'instant elle est dans les couloirs de la Maison des Syndicats, mais elle va devenir itinérante. Et nous allons d'abord la faire tourner auprès des sections qui ont participé à l'enquête.

Propos recueillis par Geneviève ROY

Extraits des témoignages :

« Quand on est une femme qui a fait des études techniques, une école d'ingénieurs, on baigne dans les remarques sexistes depuis tellement longtemps qu'on a même tendance à les considérer comme normales » Marina, 40 ans, ingénieure

 

« Les postes sont surdimensionnés pour les femmes avec culpabilisation à la moindre difficulté. » Nadine, 55 ans, responsable administrative

 

« Les métiers du paysage ne sont pas assez proposés aux femmes comme cursus scolaire potentiel et donc souvent découverts trop tard pour pouvoir prétendre à un poste à responsabilité (...) Des vestiaires adaptés et réservés exclusivement aux femmes seraient appréciés. » Evelyne, 33 ans, jardinière

 

« Je pense que la différence Homme / Femme doit être gommée tout au long de l'enfance et de l'adolescence, tout au long de la scolarité. » François, 55 ans, gestionnaire clientèle

 

Pour aller plus loin : le site de la CFDT 22