Quito

A l'heure où les autres lycéen-ne-s comptent les semaines qui les séparent des prochaines vacances pour s'adonner à leurs loisirs préférés, elles organisent leur futur voyage en Equateur.

Fin octobre, Juliette Goosse et Leila Badour, élèves de Première à Saint-Brieuc, passeront deux semaines à Quito où elles feront du bénévolat dans des associations féministes.

Leur but : rapporter un « reportage sur la condition des femmes » qu'elles entendent ensuite diffuser dans les établissements scolaires de Bretagne pour « sensibiliser et informer sur les violences faites aux femmes ».

 L'objectif des deux lycéennes n'est pas de montrer du doigt un pays étranger ni de prétendre qu'en France tout va bien. Intéressées toutes les deux par les questions féministes, elles ont saisi l'opportunité de ce voyage parce qu'une amie peut les recevoir à Quito et veiller sur elles, toutes deux mineures, loin de leurs familles, mais elles envisagent de faire un parallèle entre la situation des femmes en Equateur et celles des femmes en France.

« On a déjà fait quelques recherches – explique Juliette – les situations sont différentes. Par exemple, en Equateur, l'avortement est illégal et est même considéré comme un homicide. En France, les problèmes que nous voulons soulever c'est plutôt les féminicides ou les inégalités de salaires. »

Un héritage d'engagement et de militantisme

Juliette est en Première S et se destine à des études de mathématiques ; Leila est en Première L et souhaite réaliser des films documentaires. L'une « parle bien espagnol » ; l'autre « adore tout ce qui est montage vidéo ». Et si elles n'en ont pas encore parlé avec leurs professeur-e-s, la direction de leur lycée briochin a déjà donné son accord pour la diffusion de leur film au sein de l'établissement.

La ville de Saint-Brieuc leur a décerné un prix à l'occasion du dernier concours de projets jeunes et le département des Côtes d'Armor les soutient également. Pour compléter le financement, elles ont lancé une cagnotte en ligne et négocient un prêt de matériel.

Quant à leurs parents respectifs, ils voient plutôt d'un bon œil ce projet. « Ils sont contents et nous soutiennent » déclare encore Juliette qui ajoute dans un rire : « on n'a pas hérité de n'importe qui ! Ma mère va courir au Sénégal pour collecter des fournitures scolaires et celle de Leila est bénévole à la Maison des Femmes de Saint-Brieuc ; nos pères aussi sont pas mal actifs. Ils n'ont pas été surpris ! »

L'envie de faire bouger les choses

Pour le versant français du documentaire c'est tout naturellement du côté de la Maison des Femmes de Saint-Brieuc que les deux lycéennes sont allées chercher des contacts. A Quito, elles seront bénévoles dans six associations féministes où elles comptent interviewer des bénévoles et des adhérentes et faire quelques actions avec elles.

A Saint-Brieuc, elles remettent à plus tard l'organisation concrète de leur projet, mais savent déjà qu'elles veulent « rencontrer des femmes de classes sociales et d'âges différents ». Enfin, l'un des vainqueurs d'un précédent concours jeunes s'est déjà mis sur les rangs pour leur apporter son soutien professionnel dans la réalisation finale du documentaire.

C'est donc avec une grande motivation que Juliette et Leila finalisent leur projet et préparent leur voyage en Equateur. Leurs ami-e-s ont du mal à s'intéresser à tout ça. « Ils trouvent ça bien mais c'est pas réel pour eux » résume Juliette que cette attitude ne décourage pas. Elle compte sur leur film et les échanges qui suivront pour réveiller les consciences. « On a envie de se sentir un peu utiles – dit-elle – de faire ce qu'on peut pour informer et sensibiliser les jeunes, voire les très jeunes dès 12/13 ans. Il faut faire savoir aux gens ce qui se passe pour les faire réagir ; ça ne peut être que bénéfique ».

Attirée par des études scientifiques, Juliette ne sait pas de quoi son avenir sera fait. Ce qu'elle sait en revanche c'est qu'au-delà de ce premier projet, elle « veux rester active que se soit pour le féminisme ou l'écologie et [se] donner les moyens de faire changer un peu les choses à [son] échelle. »

Geneviève ROY