Iran

 

Chaque année l'AFIB, association franco-iranienne de Bretagne , contribue un peu plus à modifier l'image de l'Iran et en particulier des Iraniennes.

Et sa présidente, Suzanne Jestin, est très fière des réactions toujours positives qu'occasionne sa programmation.

Pour elle, il est temps de balayer les idées reçues qui encombrent les esprits, faisant passer les Iraniennes - des femmes cultivées, éduquées et libres - pour des créatures faibles et soumises sous leur foulard.

 

Qu'est-ce que l'association franco-iranienne de Bretagne ?

Suzanne Jestin – L'AFIB a été créée en avril 2004 à la suite d'un tremblement de terre qui s'était produit en Iran. La communauté iranienne de Bretagne n'est pas très grande ; on doit être en tout entre 250 et 300 personnes. Et à ce moment-là, nous avons voulu faire quelque chose pour aider la population iranienne. Aujourd'hui, l'objectif de l'association, dont je suis présidente, est de promouvoir la culture persane et le rapprochement des deux cultures, française et persane, à travers des projets culturels, éducatifs voire humanitaires.
Faute de moyens financiers et humains, nous proposons moins d'événements qu'il y a quelques années, mais nous tenons à organiser chaque année une conférence et un concert. Le concert a toujours lieu autour du 21 mars, date du nouvel an persan. Cette année, ce sera le samedi 24 à la MIR où nous avons invité deux grands maîtres de la musique persane.

Pourquoi tenez-vous à vous inscrire chaque année dans la programmation du mois de mars sur les droits des femmes ?

Suzanne Jestin - C'est très important de participer à ces événements et de montrer que les femmes ont toujours eu un rôle essentiel en Iran, malgré les apparences. On n'a pas toujours donné de bonnes informations sur la réalité de ce qui se passe en Iran, sur ce qu'est la culture persane. On vit ici avec beaucoup d'idées reçues comme par exemple que depuis la révolution, la femme Iranienne serait devenue presque un objet soumis. Tout ça n'est pas vrai du tout !

Même aux moments les plus difficiles du régime, la femme Iranienne a gardé sa place très forte autant au sein de la famille qu'à l'extérieur et d'ailleurs, de l'avis des hommes, les femmes ont plus résisté à ce régime des ayatollahs que les hommes eux-mêmes !

Il ne faut pas oublier également que les Iraniennes votent depuis bien plus longtemps que les Françaises ! Ou encore qu'en Iran, 70% des étudiants sont des étudiantes ! La société iranienne a toujours connu une certaine liberté grâce à la culture qui nous enseigne à penser librement et à parler librement. Et pas seulement les intellectuels ou les artistes, même les gens « normaux » ont une éducation d'un niveau assez élevé ; dans chaque famille, quel que soit son niveau économique, ce qui est extrêmement important c'est l'éducation des enfants ! Et depuis toujours, quels que soient les gouvernants, la culture du peuple a permis qu'il soit libre !

Dans toutes les villes d'Iran, et pas seulement à Téhéran qui est une grande mégalopole, les gens vivent presque comme des occidentaux à part que quand elles sortent, les femmes sont obligées de mettre un foulard sur leur tête ! Mais on ne peut rien contre l'avancée d'une société extrêmement éduquée ; d'ailleurs on a vu dans les dernières élections que les conservateurs ont été très massivement combattus.

Les femmes ont commencé à enlever leurs voiles et elles sont soutenues par les hommes qui se montrent avec un foulard sur un bâton. Même si le foulard qui vu de France semble une question importante, n'est pas une priorité pour les Iraniennes qui disent : « si je peux parler, si je peux faire ce que je veux et que je dois garder un foulard sur la tête, je le mets ! Si ma fille peut aller à l'université, c'est ça qui est important, pas mon foulard ! »

Que proposez-vous le dimanche 11 mars ?

Suzanne Jestin - Nous avons invité une jeune politologue sociologue qui est professeure à l'université de Québec, Hanieh Ziaei, qui va nous parler de l'émancipation des femmes artistes iraniennes à travers l'exil. C'est une nouvelle façon de regarder l'émancipation des femmes... Déjà l'année dernière, notre intervenante a surpris tout le monde parce qu'elle avait, elle aussi, un autre regard. Et c'est ça qui nous plait. Depuis la fondation de notre petite association, le regard des Rennais-es et des élu-e-s a changé sur l'Iran ; on a atteint notre objectif !

Propos recueillis par Geneviève ROY

Pour aller plus loin :

Dimanche 11 mars à 15h à la MIR, conférence : « L'émancipation des femmes artistes iraniennes à travers l'exil » avec Hanieh Ziaei