masques1On les avait connues solidaires il y a quelques semaines, les voilà désormais masquées.

Depuis la fin du confinement, les Couturières Solidaires d'Ille-et-Vilaine continuent à fabriquer des masques de protection contre le Covid-19 mais très peu le font encore de façon bénévole.

Sur le front quand il fallait faire face à une urgence sanitaire, c'est professionnellement qu'elles cousent désormais et entendent recevoir le prix de leur travail. Sans quoi elles auraient l'impression de « contribuer à la normalisation du travail gratuit ».

 

Elles ont cousu et distribué plus de 4000 masques en Ille-et-Vilaine durant quelques semaines. Pour la coordinatrice du collectif, « il y avait un besoin sanitaire face auquel on ne pouvait rester insensible » ; elles ont alors prêté leurs compétences. « On voulait aider mais on ne pouvait pas bouger – résume-t-elle aujourd'hui – ça a fait du bien à des gens de pouvoir agir ! » Et surtout, leur production a été essentielle pour les aides à domicile, personnel d'EHPAD ou encore vigiles de grandes surfaces qui avaient besoin de masques et ne pouvaient s'en procurer.

Dès le début, elles savaient que leur action serait ponctuelle. Désormais, alors que le discours du gouvernement a changé et que chaque citoyen-ne est invité-e à porter un masque, plus question pour elles « de donner gratuitement des choses qui existent dans le commerce ». Depuis quelques jours, le collectif Couturières Solidaires a fait place à un autre collectif, professionnel celui-là. « On contribuait à la normalisation du travail gratuit, donc il était temps d'arrêter » dit encore la coordinatrice de l'équipe qui avoue qu'en situation de crise on peut parfois faire le choix de « mettre un peu ses convictions de côté » pour agir mais qui souhaite clarifier la confusion entretenue entre distribution gratuite et production gratuite.

Du durable plutôt que du jetable

Si certaines couturières poursuivent leur action bénévole en faveur d'associations comme le Secours Populaire notamment, une vingtaine de professionnelles et quelques intérimaires formées ont rejoint le collectif Couturières Masquées porté par la coopérative d'entreprise rennaise Elan Créateur, convaincue que l'économie sociale et solidaire avait un rôle à jouer dans cet épisode sanitaire majeur. Une façon enfin de remercier celles qui n'avaient pas hésiter à donner du temps ces derniers mois et qui voient aujourd'hui leur travail reconnu par une juste rémunération.

Les masques peuvent désormais être achetés en ligne et sont livrés à domicile soit par la Poste soit par coursier à vélo pour la ville de Rennes. En attendant l'installation de points de dépôt à l'étude notamment pour Saint-Malo et le pays de Brocéliande. Ils sont bien sûr durables et conseillés car moins polluants que les masques jetables qui commencent à se répandre dans les rues des grandes villes comme sur les plages chinoises. « C'est un nouveau déchet qu'on est en train de créer » s'alarment les couturières qui redoutent également que compte tenu du coût de ce nouvel achat, les personnes à faible revenu « prennent le jetable pour du durable » et réutilisent plusieurs jours de suite la même protection. Toujours engagées, les Couturières Masquées proposent d'ailleurs un masque solidaire pour l'achat duquel elles offrent un masque gratuit au monde associatif.

Geneviève ROY

Pour aller plus loin : consulter le site des Couturières Masquées et la page facebook