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Objectif rempli pour le livre blanc publié par les CIDFF de Bretagne. En pointant les freins à lever « pour ouvrir les portes à l'autonomie sociale et économique des femmes », les Centres d'Informations sur les Droits des Femmes et des Familles de Bretagne entendent donner à voir la réalité des milliers de personnes rencontrées lors des différentes permanences ou accompagnées chaque année dans des programmes de suivi.

Des cas concrets et des témoignages nombreux qui apportent cette humanité qui manque aux chiffres. Qui permettent aussi d'appuyer des préconisations pour faire avancer les choses.

Voici quelques jours, Annie Guillerme, présidente de la Fédération Régionale, entourée de quelques invitées, présentait à Rennes ce document indispensable pour tous les partenaires des CIDFF.

 

On pourrait penser qu'en France, les lois, récentes ou plus anciennes, couvrent tous les domaines et que les femmes sont par conséquent assurées d'être les égales des hommes. Mais, comme se plaît à le rappeler Anne Patault, vice-présidente de la Région en charge de l'égalité, il y a loin de « l'égalité des droits à l'égalité réelle ». Et tout « l'arsenal législatif » peut ne pas suffire.

C'est tout l'intérêt de ce « livre blanc » réalisé par les quatre antennes des CIDFF de Bretagne. Des chiffres, il en faut notamment pour rappeler que les actions des CIDFF concernent une très large population. En 2018, ce sont plus de 11 000 personnes qui ont été informées individuellement dont 86% de femmes et 9800 qui l'ont été collectivement dont 64% de femmes. Ce sont encore plus de 80 permanences implantées en milieux rural ou urbain voire en zones sensibles. Un maillage de proximité dont s'enorgueillissent les CIDFF qui ont à cœur de rencontrer les usagers et les usagères au plus près.

Numérique, mobilité, logement

« Nous avons la chance de vivre en France et de "survivre" grâce aux aides publiques - témoignent les femmes accompagnées – mais nous voulons plus. Nous voulons travailler ». Or, même si les femmes qui poussent les portes des CIDFF n'en sont pas toujours conscientes, de nombreux freins sont à lever pour leur permettre d'accéder à l'emploi.

La numérisation des procédures est un obstacle conséquent pour les femmes qui n'ont pas accès à Internet ou sont peu habituées aux nouvelles technologies. Les CIDFF y répondent en proposant des ateliers. « L'usage de la souris, c'est une chose avec laquelle [les femmes] peuvent ne pas être du tout familiarisées – témoigne une conseillère emploi – il faut vraiment que les personnes qui rédigent les questionnaires administratifs revoient le contenu. »

cidff2On pourrait croire, explique encore le livre blanc, « que le coût du logement et l'habitat indigne ne sont pas à considérer d'un point de vue sexué et pourtant cette problématique se décline davantage au féminin, tout simplement parce que les femmes sont plus souvent exposées à la précarité matérielle que les hommes ». Elles sont notamment en charge d'enfants (80% des familles monoparentales reposent sur la mère seule) et plus souvent aussi impactées par les problèmes de mobilité, notamment dans les territoires ruraux.

La mobilité, encore un frein à l'emploi, surtout quand elle s'accompagne de problèmes de garde d'enfants. « Il n'existe pas de structures [de garde] dont les horaires soient adaptés aux contraintes des nombreux secteurs qui recrutent, notamment ceux de l'industrie, de la restauration ou des services aux personnes » regrettent les femmes qui témoignent dans le livre blanc.

Garde d'enfants, santé, violence, confiance en soi

Le choix de vivre en milieu rural pour des raisons économiques (loyers moins élevés) peut devenir source de précarisation quand il enferme les femmes à la maison dans un isolement total. « Quand on regarde les chiffres de nos permanences rurales – dit encore une salariée d'un CIDFF – on voit que la plupart des femmes ont le permis de conduire. Il faut cependant lire entre les lignes : les femmes que l'on voit, ce sont celles qui peuvent se déplacer ! » Pour les autres, des solutions se cherchent notamment en termes de « déplacements solidaires » à la demande.

Les profession-nelles et bénévoles des CIDFF sont aussi confronté-es bien sûr aux violences conjugales et/ou parentales. Réalités qui impactent gravement la santé physique et psychologique des femmes qui perdent l'estime de soi et peuvent aller jusqu'à douter de leurs compétences de mères. Les groupes de paroles proposés par les CIDFF sont un début de réponse. « Je pensais être seule à vivre cette situation. Ce que j'ai vécu, d'autres femmes l'ont vécu. J'ai l'impression pour une fois d'être crue » témoigne une femme accompagnée. Retrouver confiance en soit, c'est aussi pouvoir repenser sereinement une vie professionnelle.

cidff3« Avant de donner des réponses, il faut savoir cerner précisément les attentes et les besoins des femmes qui sollicitent les CIDFF » précise le livre blanc. Leur expertise enrichie chaque jour des rencontres sur le terrain permet aux Centres de Bretagne de « mettre en mouvement » tout un « tissu social de partenaires » : mairies, CDAS, associations, etc. Ensemble, tou-te-s les intervenant-es peuvent « dénouer la pelote qui semble presque inextricable » des différents freins spécifiques rencontrées par les femmes.

Pour « avancer vraiment – conclu le livre blanc – la clé est bien le maintien des emplois, leur création dans l'économie marchande et solidaire en alliance avec les associations qui participent à la cohésion sociale sur les territoires. » Et cela, disent les femmes elles-mêmes, « passe par une reprise de confiance en nous, en nos capacités, en nos compétences. Et en nos talents. Ne plus voir exclusivement le verre à moitié vide. Refuser toute infantilisation (...), sortir des stéréotypes du monde du travail, oser les métiers dits masculins. (...) En espérant gommer ensemble ces freins à l'indépendance, à l'égalité et à l'autonomie. »

Geneviève ROY

Nos photos :
1 – Annie Guillerme, présidente de la Fédération Régionale des CIDFF de Bretagne, et Anne Patault, vice-présidente du Conseil Régional de Bretagne, chargée de l'égalité, de l'innovation sociale et de la vie associative

2 et 3 – Des salariées et des partenaires animaient les tables rondes proposées le 25 octobre à la Maison Internationale de Rennes