Certaines sont arrivées avec des idées assez précises du métier qu'elles souhaitent exercer : médecin, puéricultrice, vétérinaire. D'autres sont là simplement par curiosité.
Pour ces élèves de classe de 3ème du collège de Chartres de Bretagne, le terme de « métiers scientifiques » renferme des notions plutôt attendues.
Où sont les futures informaticiennes, ingénieures ou développeuses web ? C'est tout l'enjeu du programme Connected Girls dont la première édition bretonne avait lieu cette semaine : casser les stéréotypes et dire aux filles que les chemins ne sont pas tout tracés d'avance.
Anna Téa est responsable régionale de la Networking Academy, le programme de formation en ligne de l'entreprise Cisco, spécialiste des équipements de réseaux informatiques. Au sein de cette activité que la jeune femme présente comme une action « à but non lucratif », a lieu chaque année à Paris depuis huit ans des rencontres intitulées Connected Girls qui font partie d'un accord cadre signé l'an dernier avec le ministère de l'Education Nationale. Pour la première fois un tel rendez-vous était organisé à Rennes mardi dernier.
« Notre objectif est surtout de faire sentir aux filles qu'elles sont attendues dans les métiers scientifiques en général et leur montrer que notre métier, l'informatique, c'est autre chose qu'une personne seule derrière son ordinateur et que des femmes peuvent complètement s'y épanouir » explique Anna Téa qui ajoute : « en plus, ce sont des métiers qui recrutent et les femmes sont très demandées par les entreprises. Les filles doivent oser essayer de nouvelles choses. »
Les intervenantes ne leur ont pas dit autre chose mardi. A la maison des Associations de Rennes, Julie Vigneau, enseignante de sciences physiques et elle-même ingénieure de formation, était venue accompagnée d'une trentaine d'élèves. « Nous voulons les sensibiliser, leur dire qu'il y a de la place pour elles – explique-t-elle - Elles sont en 3ème, elles ont quinze ans à peine et souvent leur orientation les angoisse. Nous devons les aider à se questionner et leur montrer qu'il y a plein de chemins possibles. »
Croire en soi et « secouer » ses envies
Enrichissant, motivant, encourageant, inspirant... En fin d'après-midi les élèves, peu bavardes, résumaient leurs rencontres en quelques mots, fortes du témoignage d'une médecin chercheure en dermatologie et de temps d'échanges avec des développeuses web, des étudiantes en informatique ou encore des responsables de formation à l'INSA ou à l'ENI. Pour Ezo et Agathe, c'étaient les machines du LabFab – imprimante 3D, découpeuse laser - qui avaient été les plus impressionnantes.
« Secouez un peu vos envies – leur a conseillé une professionnelle – ne vous précipitez pas sur la première envie mais allez plus loin pour voir ce qu'il y a derrière ! » Tandis qu'une autre les interpellait ainsi : « Croyez en vous ; il n'y a pas une façon d'y arriver, il y en a plusieurs ». Souvent, en effet, les choix d'orientation sont limités aux métiers connus dans l'entourage proche des jeunes – ou surreprésentés dans les médias – et selon les termes d'Anna Téa ça reste « un spectre assez limité ».
La reconversion professionnelle avait aussi été abordée, montrant que s'il est difficile de choisir sa voie à l'adolescence, ce choix n'est pas irréversible. « On a à cœur – commentait Patricia Ascoet-Roux, principale adjointe du collège – de porter nos élèves le plus loin possible et de faire se soulever un peu ce plafond de verre que nous, les femmes, avons au-dessus de la tête ! »
Des propos qui ne peuvent que plaire à Anna Téa. « Moi – dit-elle – ce sont les rencontres que j'ai pu faire qui ont construit mon parcours et fait évoluer ma vision du monde. Quand on lit un descriptif de métier c'est complètement abstrait alors qu'une personne qui parle avec passion, ça fait toute la différence ! »
Geneviève ROY