C'est une pièce de théâtre « un petit peu écrite et beaucoup improvisée » sur un thème un peu « olé, olé » (c'est son titre) mais avec « un propos sérieux derrière » et des femmes qui « s'affranchissent ».

Ce projet, ça fait six ans que Emilie Rivet y pense. Il a suffit d'une rencontre avec des comédiennes improvisatrices, Nantaises comme elle, pour que tout démarre.

Dans quelques jours, c'est le public de Quimper qui pourra à la fois apprécié et participé à la réflexion de cette troupe de femmes sur le(s) désir(s).

Rivet

 

« Je ne perds plus de temps à douter de ma légitimité ». Emilie Rivet est désormais une femme sûre d'elle et de ses compétences qui assume un travail théâtral qu'elle a mis du temps à oser. « C'est quelque chose que je mature depuis quelques années – explique-t-elle – J'ai quarante ans et je pense que c'est le bon moment. Aujourd'hui, je fais ce que je sais faire et ce que j'aime faire. » Les six comédiennes improvisatrices qui partagent l'affiche avec elle, elles les connaissaient depuis longtemps. Le jour où elle leur parle de son projet « olé, olé » sur le désir féminin, entame sa nouvelle vie. Et son projet personnel devient une envie collective, « une œuvre commune ».

« J'ai osé écrire et conduire les répétitions – dit-elle – ça s'appelle de la mise en scène ». Jusqu'alors, Emilie n'osait pas. Journaliste d'abord, puis recruteuse de cadres pour des entreprises, la voilà coach d'impro indépendante et metteuse en scène de théâtre. « Toute la partie artistique, c'est un truc qui me va bien » dit-elle se sentant désormais légitime dans ce métier par lequel elle est entrée voilà dix ans en rejoignant une troupe d'improvisation. « En impro – dit encore Emilie – on dit qu'on est à la fois auteur.es, interprètes et metteur.es en scène de nos histoires. C'est vraiment une discipline de virtuoses ! Je suis fascinée par cette approche-là au théâtre !»

« Elles sont tellement belles et fortes

qu'on peut faire des trucs audacieux ensemble ! »

 

Alors forcément, son spectacle laisse une large place à l'improvisation. Sur les sept tableaux présentés, le premier seulement et les enchainements sont vraiment « écrits, chorégraphiés, mis en scène de façon fixe ». Pour le reste, Emilie offre à ses comédiennes la possibilité « de jouer et d'interpréter plein d'univers différents ».

Ole1« C'est un cadeau – dit-elle – et ça m'enchante de pouvoir les voir s'épanouir et s'éclater à chaque spectacle avec beaucoup de fraîcheur ». Elle revendique son envie de « valoriser des femmes sur scène, de les rendre plus visibles. » « Elles sont tellement belles et fortes – s'enthousiasme-t-elle – qu'on peut faire des trucs hyper audacieux ensemble !»

Et le public n'est pas en reste puisqu'il est invité lui aussi à participer activement grâce à des « petits papiers » remis à l'entrée du spectacle et sur lesquels chacun.e peut inscrire une idée, un mot, une phrase d'où partiront ensuite les scènes jouées par les comédiennes. « Un jour, une comédienne a tiré le mot "chapka" et a fait une improvisation extraordinaire qui nous a emmenés sur la Place Rouge » s'amuse la metteuse en scène.

 

« On est joueuses et piquantes,

on parle cru sans être jamais vulgaires »

 

Le désir, et pas seulement le désir sexuel, se trouve « partout, tout le temps » estime Emilie Rivet qui y voit un « élan de vie ». Impliquer le public ajoute encore à la pluralité des déclinaisons possibles. Sur scène, on parle de plaisir, de joie de vivre et pas que de sexualité même si la créatrice dit « assumer un propos adulte ».

Ole2« On est joueuses et piquantes – défend-elle – on parle cru sans être jamais vulgaires. Le spectacle fait d'abord son boulot de spectacle vivant, il est distrayant et hyper joyeux et permet de passer un bon moment en oubliant sa journée ! »

Quant au titre, Emilie explique qu'il est resté suite au premier mail envoyé à ses comédiennes dans lequel elle écrivait : « c'est peut-être un peu olé, olé, mais ça me tient à cœur ». « Pourquoi cette précaution de langage ? » s'interroge-t-elle aujourd'hui. Parce que suppose-t-elle « finalement une femme qui ose, qui est rayonnante, bien dans ses baskets ça peut paraître subversif, un peu comme un acte d'insoumission ». « Je vis donc dans un monde – écrit-elle dans le dossier de presse du spectacle – où encore rien ne fait davantage peur qu'une femme désirante ».

Geneviève ROY

Pour aller plus loin

La pièce Olé, Olé n'a jusqu'à présent été représentée qu'en Loire-Atlantique. Elle sera le 16 octobre à Quimper au théâtre Max Jacob, « une première date interntionale » s'amuse Emilie Rivet, puis retour à Nantes début décembre - suivre Olé, Olé sur facebook : ici

Photo Emilie Rivet : Juan Martin Arcos - photos spectacle : BK Sine Photo