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Des professionnelles du cinéma, des associations qui luttent contre les violences faites aux femmes, des femmes victimes qui cherchent des outils pour s'exprimer...

Louise Desoche se réjouit d'avoir pu grâce à l'association Femmes et Cinéma pour laquelle elle travaille, réunir toutes les « pièces du puzzle ».

Très prochainement, Rennes sera la première ville de France à tester un nouveau dispositif, Femmes et Premier Plan. Par le biais de la Maison des Femmes Gisèle Halimi, les bénéficiaires pourront apprendre à apprivoiser les images ; « on leur donne les outils – dit encore Louise Desoche – et on leur dit : vous en faites ce que vous voulez ! »

 

L'association Femmes et Cinéma fête cette année ses dix ans. L'occasion pour les deux co-fondatrices, les productrices Sandrine Pillon et Stéphanie Douet, et leur petite équipe de quatre salariées de se lancer un nouveau défi. Et c'est Rennes qui vient d'être choisie pour participer à l'expérimentation. Si l'une des fondatrices habite ici ce n'est pas la seule raison à l'origine de ce choix.

« La Bretagne est particulièrement active chaque année dans nos projets » explique Louise Desoche, chargée de fondations, de mécénat et de développement de projets qui se réjouit que cette mission l'amène régulièrement à séjourner à Rennes.

 

« Il y a toujours une mini gêne au début

avec les jeunes qui n'ont pas l'habitude

de voir des femmes à ces postes-là »

 

Fondée par deux professionnelles de l'audiovisuel qui souhaitaient interroger la place des femmes dans les métiers du cinéma bien avant la vague #Metoo, Femmes et Cinéma développe depuis 2014 des projets auprès de classes de lycées et de collèges mais aussi d'un public adulte. Education à l'image, sensibilisation à l'égalité des genres, les projets Séquences Femmes et Phénoménales permettent chaque année la réalisation de courts métrages sur des questions telles que les violences faites aux femmes, le cyber harcèlement, le consentement ou encore le masculinisme.

Quelques scénarios sélectionnés donnent lieu, à chaque édition, à des tournages pris en charge par des équipe entièrement féminines, de la réalisatrice à la cheffe opératrice en passant par l'ingénieure du son. Une façon aussi de montrer aux collégien.ne.s et aux lycéen.ne.s que les femmes existent dans les métiers techniques du cinéma. « Il y a toujours une mini gêne au début avec les jeunes qui n'ont pas l'habitude de voir des femmes à ces postes-là – dit encore Louise Desoche – mais dès le deuxième jour de tournage, tout le monde est à l'aise ! »

Femmes et Cinéma possède déjà un catalogue de 35 titres et les courts-métrages réalisés sont en accès pour des projections pédagogiques mais aussi diffusés sur France Télévision, comme ce sera le cas en juillet prochain à l'occasion des JO avec des films sur le thème des femmes dans le sport.

 

« Ça permet de montrer des choses

qui peuvent être compliquées à dire,

ça met une distance »

 

Avec la Maison des Femmes Gisèle Halimi, Femmes et Cinéma proposera dès la fin du printemps des ateliers gratuits destinés aux femmes accompagnées par la structure. L'objectif décrit Louise Desoche est de « proposer dans un espace sécurisé d'utiliser la création pour parler de choses parfois un peu indicibles. » Déjà se prépare la première rencontre qui mettra autour de la table les professionnelles de l'audiovisuel, celles de la Maison des Femmes et quelques bénéficiaires motivées. « Il ne peut pas s'agir d'ateliers lambda destinés à tout le monde – précise Louise Desoche – il faut que ce soit fait sur mesure pour elles et leurs besoins ; c'est une co-construction qui promet d'être riche. »

L'image est un « outil d'émancipation - plaide encore la jeune femme – les compétences s'acquièrent très vite et on peut laisser aller sa propre créativité avec peu de moyens. C'est autonomisant parce qu'il faut prendre des décisions, faire des choix, écrire, manipuler du matériel, etc. C'est intéressant comme gain de puissance. Ça permet de montrer des choses qui peuvent être compliquées à dire, ça met une distance ; tu mets de toi dedans évidemment, mais ce n'est pas toi ! » ; et en même temps, rappelle-t-elle, c'est « amusant » !

Le cinéma est un art accessible, populaire mais qui a largement contribué, selon les animatrices de l'association Femmes et Cinéma, a véhiculer des clichés et des stéréotypes de genre. Il semble normal aujourd'hui de l'utiliser pour inverser les choses. Des projets qui, Louise Desoche l'a déjà expérimenté, « créent un boost de confiance en soi » dont les femmes ont souvent bien besoin !

Geneviève ROY