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Si elle veut garder l'anonymat, c'est surtout afin de préserver celui des personnes qui se confient à elle.

Depuis un mois, cette Bretonne, dont la formation d'éducatrice spécialisée s'est achevée voilà quatre ans, a décidé de porter au grand jour son combat personnel contre le sexisme dans le travail social.

Grâce à un compte Instagram, la voilà en quelques semaines submergée de messages venus de toute la France.

Une preuve pour elle que cette question n'est pas à négliger.

 

Créée au mois de mai, la page Travail Social et Sexisme d'Instagram a « pris de l'ampleur très rapidement » constate sa créatrice qui témoigne : « quand je suis entrée dans le travail social, il me semblait évident que les questions d'égalité femmes/hommes devaient être au centre des préoccupations des professionnel.les. On travaille notamment avec des jeunes, en pleine construction identitaire, et ce sont des choses qui les impactent et les concernent ».

Pourtant, elle se rend vite compte que « ce sujet n'est absolument pas traité » ni dans les cursus de formation, ni sur les terrains d'intervention. D'ailleurs dit-elle « ce n'est pas un sujet ; on peut parler comme le sociologue Marc Bessin, d'un déni du genre ».

extrait2Forte de ses convictions qu'elle a notamment portées dans son mémoire de fin d'études, notre Bretonne décide donc de rendre visible ce qui ne l'est pas. « Il s'agit – explique-t-elle – de situations discriminantes – entre professionnel.les ou des professionnel.les à l'égard des usager.ères - qui sont complètement banalisées. Comme ce sont souvent des cas isolés les uns des autres, on se dit que ce n'est pas si grave. »

 

« Les mots sont importants ;

je ne dénonce pas, je rends visible »

 

Plus de 900 personnes suivent désormais son compte sur lequel elle publie un nouveau témoignage par jour. Grâce à « la magie des réseaux » le succès de sa petite entreprise ne s'est pas fait attendre. Une raison supplémentaire pour elle de penser qu'elle va dans le bon sens. Chaque jour lui apporte son lot de messages. Les « je me sens moins seul.e » et autres « j'ai pris conscience de certaines choses que je ne voyais pas », la conforte dans son projet.

« Les mots sont importants – martèle encore notre travailleuse sociale en colère – je ne dénonce pas, je ne porte pas de jugement ; simplement, je rend visible des situations, des paroles ou des comportements, pour permettre le changement. »

extrait3Si elle ne « prétend pas pouvoir changer le monde toute seule en un claquement de doigt », elle espère néanmoins « aider certain.es professionnel.les et centre de formation qui ont une large part de responsabilité ». Elle-même engagée dans la formation de futur.es professionnel.les, commence avec quelques collègues à intégrer les questions de genre et d'égalité dans les programmes et le choix des intervenant.es.

Elle compte sur l'effet boule de neige pour que les lignes bougent un peu partout et bien sûr au-delà de la Bretagne.

Geneviève ROY