Des femmes qui accompagnent des femmes. C'est le beau projet mis en place en 2006 par la Maison Internationale de Rennes (MIR) et qui depuis début 2013 prend une dimension régionale. Après des aléas financiers – manque de subvention – et un temps de jachère, le projet intitulé « Marrainage » connaît un nouvel essor depuis l'organisation par la Délégation Régionale aux Droits des Femmes et à l'Egalité, des séminaires « Femmes d'ici et d'ailleurs » dans les quatre départements bretons.
Car derrière le terme de « marrainage » c'est bien de rapprochement entre des femmes de cultures différentes qu'il est question.

Fin juin, à l'occasion de la première rencontre régionale du projet, Ghania Boucekkine, vice-présidente de la MIR, soulignait que le « marrainage » consiste à créer « un réseau de solidarité de femmes au service de la lutte contre la double discrimination de genre et d'origine. »

Parce qu'elles sont femmes et parce qu'elles sont étrangères, trouver un travail ou prendre une place dans la vie politique et associative en France comporte pour les migrantes de nombreux obstacles.

Un échange de femme à femme

Des projets de parrainage existent dans nombre d'associations où ils sont très largement portés par des hommes. Si celui de la MIR peut être considéré comme innovant c'est bien parce qu'il met en avant le rôle de femmes en responsabilité (entrepreneuriale, politique ou associative) qui souhaitent mettre leurs compétences et leurs carnets d'adresse à la disposition d'autres femmes en manque de repères dans une société dont parfois elles méconnaissent les codes. L'échange de femme à femme semble plus facile et plus sécurisant.

Aujourd'hui en Bretagne, ce sont 25 duos qui existent dans les quatre départements et autant de femmes, jeunes ou moins jeunes, qui sont accompagnées dans leur projet professionnel qu'il s'agisse de recherche d'emploi, de suivi de formation ou de création d'entreprise.

Passerelle entre université et travail

Pour leurs marraines c'est une façon certes d''exprimer leur solidarité mais aussi de se questionner elles-mêmes sur leurs propres pratiques en matière d'exercice de responsabilités. A l'image de Dominique, consultante en communication et ressources humaines, marraine de Rajaa, jeune marocaine, qui souhaite faire des passerelles entre le monde universitaire que fréquente sa filleule et le monde du travail. « C'est une façon – dit-elle – de rendre ce que j'ai pu apprendre toute seule notamment sur le plan de la méthodologie. J'aurais bien aimé moi aussi être accompagnée comme cela ».

De son côté, la filleule reconnaît tout ce que lui apporte leurs rencontres mensuelles. « Avant je partais un peu dans tous les sens ; j'ai appris à aller à l'essentiel.» Sans oublier naturellement l'échange interculturel au cœur du projet. « Elle me parle aussi du Maroc » sourit Dominique. Tandis que Rajaa avoue être à la recherche d'une recette de pain marocain adaptée à une machine à pain électrique !

Geneviève ROY

AGENDAS

Pour lancer officiellement le réseau régional "marrainage" des rendez-vous sont programmés en septembre : le 16 au CIDFF de Saint-Brieuc, le 17 à Brest, le 19 à la MIR à Rennes et le 26 à Vannes. Plus d'infos sur le site de la MIR