
Erika Figueroa est en période d'affûtage. Ses entraînements sont plus légers et elle surveille son poids ; elle doit perdre trois kilos avant la prochaine compétition.
A la salle de sport de Rennes où elle s'entraîne, ce matin-là, elle n'a soulevé « que » 38 kilos.
Depuis deux ans et demi, elle pratique une discipline qui la rend fière : l'haltérophilie. Une façon pour elle de reprendre sa vie en main.
« Quand je suis venue ici, j'avais très peur. Cette salle m'a impressionnée » confie Erika Figueroa à l'espace de pause de sa salle d’entraînement. Pas étonnant quand on considère les divers appareils destinés à la préparation physique des adeptes de la musculation, de la force athlétique voire de la boxe ou de la force bretonne.
Pour elle ce sera donc l'haltérophilie, discipline découverte un peu par hasard alors qu'elle cherche après quelques épreuves personnelles et des problèmes de santé à retrouver de la force. « Il fallait me reprendre en main ; je me suis inscrite en musculation pour faire du renforcement et me remettre debout – explique-t-elle aujourd'hui – j'ai progressé très vite et au bout d'un an j'ai commencé à m'ennuyer ». Comme elle se sent « un peu plus forte sur [ses] jambes », la jeune femme choisit de se donner un « nouveau but » avec l'haltérophilie, un sport « hyper technique » qui va bien à cette perfectionniste au caractère rigoureux.
« Même quand je n'ai pas envie de venir,ça me fait du bien de le faire quand même. 
Et de pouvoir me dire : tu es capable, tu es forte ! »
Pour sa première année, Erika ne peut pas participer aux compétitions, la saison étant déjà bien entamée. Mais dès l'année suivante, la voilà championne de Bretagne dans sa catégorie puis vice-championne en 2024/2025. Dimanche, elle participe à Brest aux éliminatoires pour les championnats de France 2025/2026 et compte bien non seulement se qualifier mais aussi se positionner pour les championnats d'Europe voire du Monde.
Ambitieuse Erika ? Pas forcément. Mais avec l'haltérophilie, elle a découvert qu'elle pouvait être « solide ». Une force nouvelle pour elle qui l'accompagne dans sa vie quotidienne. Qu'elle met d'ailleurs au centre de tout. Alimentation, emploi du temps, repos, tout dit elle dans sa vie de célibataire, avec deux enfants déjà grands, « tourne autour de ça ».
 Et même lorsque la fatigue se fait sentir, elle ne renonce pas à ses six entraînements hebdomadaires et assure les plus de deux heures de chaque séance avec la même détermination. « C'est une vraie discipline » reconnaît celle qui a débuté toute jeune par une quinzaine d'années de danse et s'est donc formée très tôt à des contraintes physiques exigeantes. « Même quand je n'ai pas envie de venir – dit-elle encore – ça me fait du bien de le faire quand même. Et de pouvoir me dire : tu es capable, tu es forte ! »
Et même lorsque la fatigue se fait sentir, elle ne renonce pas à ses six entraînements hebdomadaires et assure les plus de deux heures de chaque séance avec la même détermination. « C'est une vraie discipline » reconnaît celle qui a débuté toute jeune par une quinzaine d'années de danse et s'est donc formée très tôt à des contraintes physiques exigeantes. « Même quand je n'ai pas envie de venir – dit-elle encore – ça me fait du bien de le faire quand même. Et de pouvoir me dire : tu es capable, tu es forte ! »
« L'ambiance est géniale, tout le monde crie. 
Parfois, je viens à la salle juste pour m'asseoir avec les autres 
et les encourager ! »
Au-delà de la force physique, Erika a retrouvé après un épisode douloureux de violences conjugales, la capacité de se battre pour elle. « Ici - dit-elle – c'est moi contre moi ! » « Je me sens forte – détaille-t-elle encore – je ne suis plus en dessous et quand je sors avec mes enfants, ils me disent : avec toi, on se sent protégés ! »
Le langage d'Erika est émaillé de termes tout droit issus du lexique sportif : compet, renfo, haltéro, etc. Mais le vocabulaire qui la touche le plus ce sont les mots de son coach : sois stable, sois droite, sois ancrée ! Ceux-là, elle se les répète « un peu comme un mantra » au quotidien.
« En haltéro, c'est chouette de s’entraîner tous ensemble même si on fait des compet individuelles ! - raconte Erika - L'ambiance est géniale, tout le monde crie. Parfois, je viens à la salle juste pour m'asseoir avec les autres et les encourager ! » Pour elle, côté mental, elle sent encore quelques vulnérabilités et continué à appréhender les regards extérieurs. Elle préfère donc souvent s’entraîner seule. « L'environnement peut me faire flancher – reconnaît-elle – sauf en compétition, là, j'oublie tout et je suis fiable ! »
« Pour qu'une gamine de sept ans 
dise qu'elle veut faire de l'haltérophilie,
il faut qu'elle connaisse »
Au club de Brest où elle est licenciée, Erika se réjouit de voir de nombreuses petites filles participer aux activités. Faisant fi des a priori qui subsistent sur l'haltérophilie, sport de force réservé aux hommes costauds, la championne défend les bienfaits d'une discipline qu'elle estime pouvoir être pratiquée dès huit ou neuf ans, par les garçons comme par les filles. « On dit que ce n'est pas bon pour les muscles, pour les os, etc. au contraire parce qu'il y a beaucoup de renfo derrière ! » argumente-t-elle.
Sport plutôt méconnu, très peu médiatisé, l'haltérophilie reste largement ignorée du grand public. Et rarement envisagée sous l'angle féminin même si les compétitrices y sont de plus en plus nombreuses. « Pour qu'une gamine de sept ans dise qu'elle veut faire de l'haltérophilie – dit encore Erika – il faut qu'elle connaisse ». D'où l'importance pour elle des moments de découverte proposés par les clubs et pourquoi pas les initiations en milieu scolaire.
Professeure des écoles, elle n'hésite pas à mettre à profit sa discipline sportive auprès des tout petits qu'elle accompagne en classe maternelle. Pas question, bien sûr, de travailler la force mais plutôt la posture, les gestes. « C'est un sport qui allie beaucoup de choses – explique-t-elle – au niveau mental comme au niveau corporel, qui permet de travailler la puissance mais aussi la concentration ; je suis fière de ce que je suis capable de faire ! »
Geneviève ROY
 
                    



