Laetitia1Le 26 septembre est la journée mondiale de la contraception ; le 28 septembre celle de la lutte internationale pour le droit et l'accès à l'avortement pour tous.tes. Deux dates qui font de cette rentrée un moment essentiel dans la défense des droits sexuels et reproductifs.

L'occasion cette année pour le Planning Familial d'Ille-et-Vilaine de s'interroger sur la sexualité des personnes en situation de handicap. Laetitia Rebord, paire-aidante en santé sexuelle et handicap, formatrice et fondatrice de Sexpair, viendra animer une conférence.

Pour elle, les droits des femmes handicapées en la matière sont entravés par le validisme de la société qui ne veut les considérer que « sous le prisme médical ».

Cette année encore, Le Planning Familial d'Ille-et-Vilaine a choisi de marquer les dates repères pour la défense des droits sexuels et reproductifs de septembre par une journée festive proposée à Rennes. La 3ème édition de Veille à ton droit aura lieu le samedi 27 septembre. L'occasion aussi de célébrer deux anniversaires : les 50 ans de la loi Veil et les 60 ans du Planning rennais.

Ateliers, discussions, stands de sensibilisation et de jeux se succéderont avant la soirée dansante et les chorales féministes. Au cœur du programme de cette journée, les organisatrices ont voulu mettre l'accent sur la santé sexuelle des personnes en situation de handicap avec l'intervention de Laetitia Rebord fondatrice de Sexpair.

Elle-même en situation de handicap moteur, Laetitia Rebord est membre active depuis sa création du collectif associatif national Les Dévalideuses qui lutte contre « les oppressions croisées du sexisme et du validisme ». Né en 2019, un peu après la vague #Metoo, il a émergé du constat de ses fondatrices que les femmes en situation de handicap sont souvent invisibles dans les luttes féministes.

«  Une personne handicapée doit faire ses propres expériences

sinon elle ne grandit jamais ! »

Deux ans plus tard, en 2021, Laetitia Rebord se professionnalise en créant Sexpair, une structure dédiée à l'accompagnement des personnes en situation de handicap dans l'accès à une vie affective et sexuelle épanouie. Depuis, elle forme des professionnel.le.s de l'accompagnement associatif ou médico-social, anime des conférences ou des groupes de parole et pratique le coaching individuel destiné à travailler l'autonomie et l'emporwement des personnes.

Laetitia2« Je leur apprends à décider, à prendre des risques, à se dire qu'elles sont autonomes et ont aussi le droit à l'erreur ! » dit-elle défendant l'idée qu'une « personne handicapée doit faire ses propres expériences et qu'on n'a pas le droit de lui interdire sous prétexte de son handicap, sinon elle ne grandit jamais ! »

Toutefois, elle reconnaît que les choses peuvent être compliquées. Les personnes handicapées, dit-elle, sont « très abîmées au niveau de la confiance en elles dans un monde validiste qui ne veut pas les voir exister ». Elle aide donc les personnes qu'elle accompagne à regagner cette confiance, indispensable pour « aller vers des relations ». Souvent, il s'agit de femmes entre trente et quarante-cinq ans qui cherchent à faire des rencontres et leurs demandes sont aussi bien de l'ordre du conseil pratique que de l'accompagnement plus psychologique.

« Institution et vie affective ne sont pas compatibles »

La dépendance joue aussi un rôle important dans cette difficulté à vivre une certaine intimité. « Institution et vie affective ne sont pas compatibles » défend Laetitia Rebord qui se dit clairement contre les structures de vie dédiées aux personnes en situation de handicap. « La France est un pays encore très institutionnalisé – déplore-t-elle – et beaucoup de personnes handicapées pensent que leur vie n'a pas de valeur puisqu'elles n'ont pas la possibilité de faire leurs propres choix. Nous, ce qu'on demande c'est de pouvoir décider nous-mêmes et que les moyens financiers alloués aux structures servent à financer l'aide humaine à domicile ».

D'autres pays européens ont déjà fait ce choix et, explique Laetitia Rebord, c'est plutôt moins coûteux pour la société que les institutions. Et plus respectueux estime-t-elle ; « l'ONU met souvent en garde la France en disant qu'elle ne respecte pas les droits humains en continuant à promouvoir ce modèle médical du handicap ».

Pour illustrer ses propos, Laetitia Rebord n'hésite pas à utiliser sa propre expérience. « Dès que j'ai commencé à avoir une vie sexuelle – explique-t-elle – la première chose qu'on m'a dite c'est que je pouvais avorter, avant même de me parler de contraception. »

Un contraste avec la situation de nombre de jeunes femmes aujourd'hui en France, et ailleurs, empêchées d'accéder à l'IVG ! « Les femmes handicapées et les femmes valides n'ont pas la même façon de voir l'avortement – dit encore Laetitia Rebord – évidemment pour moi, il doit être accessible à tout le monde, mais dans la tête des soignants, les personnes handicapées ne doivent pas se reproduire ! »

Pour elle, c'est « le phénomène social » qui entrave l'accès aux droits des personnes en situation de handicap « au moins autant que leurs conditions personnelles ». Si le sexisme comme le racisme sont désormais connus de tous et toutes, que les LGBTphobies tendent à le devenir, Laetitia Rebord regrette que le validisme reste largement sous-estimé voire totalement méconnu. Pour cette militante anti-validisme, les choses avancent encore trop lentement même si elle se réjouit que le mot commence à faire son apparition ici ou là. « Il faut déjà le conscientiser pour pouvoir agir dessus » dit-elle.

Geneviève ROY

Pour aller plus loin :
Affiche27 09 25Veille à ton droit, le 27 septembre à Rennes au BAM, journée organisée par le Planning Familial d'Ille-et-Vilaine

Retrouver les actions de Laetitia Rebord sur le site de Sexpair