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A plus de cinquante ans, elle réalise un rêve de petite fille qu'elle ne s'était pas autorisé plus tôt.

Sous le nom de scène de Kham Kha, celle qui fut la première femme 6ème dan de karaté en Bretagne et consacra une bonne partie de sa vie à la photographie, envisage désormais son avenir sous le signe de la musique.

Et espère que la communauté de son pays d'origine, le Laos, sera derrière elle.

 

Et si le covid ne s'était pas invité en cette année 2020, aurait-elle osé ? Kham Kha le raconte avec le sourire, avant elle aimait bien chanter avec son voisin musicien-chanteur, mais c'est le confinement qui lui a finalement permis d'aller plus loin. Et notamment de se mettre à l'écriture. Des problèmes de santé, une rupture amoureuse et la perte de ses parents adoptifs, il n'en fallait pas plus pour débuter une autre vie.

Car dans l'existence de Kham, il y a en réalité plusieurs vies. « J'ai une copine d'enfance qui m'en a compté sept un jour » dit-elle dans un rire. Avant la chanson, donc, il y eut la photographie dans ce laboratoire où elle a occupé de nombreux postes jusqu'à l'arrivée du numérique. Puis, en même temps et après, il y a eu le karaté pour lequel elle abandonne la pétanque et dont elle devient championne en Bretagne puis arbitre et professeure. « C'est trente-sept ans de ma vie – résume-t-elle – ça m'a beaucoup apporté dans tous les domaines et ça continue... »

Ne pas trop s'enflammer, ça peut s'arrêter brutalement

Aujourd'hui, alors qu'elle découvre le monde de la musique, qu'elle estime « un peu à l'opposé des arts martiaux », elle s'appuie sur ces apprentissages et notamment sur « le côté combatif et persévérant ». « J'aime beaucoup cette rigueur, ce côté un peu strict parfois » dit-elle encore. Des atouts pour elle comme l'est aussi un peu, pense-t-elle, son âge.

Kham2« C'est pas mal non plus – confie-t-elle – de montrer qu'une femme de plus de cinquante ans peut encore avoir de l'énergie pour faire ce métier mais surtout ça me permet de ne pas trop m'enflammer, de prendre les choses une par une, comme elles arrivent, car je sais aussi que ça peut s'arrêter brutalement ».

Chanter, elle y avait pensé il y a longtemps. Elle se souvient même avoir participé à des radios-crochets à Fougères où elle habitait alors. « Quand j'étais jeune, je voulais être prof de sport, chanteuse/comédienne ou médecin » s'amuse-t-elle aujourd'hui, reconnaissant qu'à l'époque ces rêves n'étaient même pas « concevables ». Alors, elle se réjouit que « ça arrive à cet âge-là ». Et en profite pour renouer avec ses origines.

Un privilège, un cadeau de la vie

Sur son premier album- Ma Déchirure - qu'elle qualifie d'intimiste, elle signe une chanson dédiée au Laos – Là-haut - avec laquelle elle souhaite séduire toute la communauté laotienne de Bretagne mais aussi ce pays lointain où elle est retournée plusieurs fois. Un peu énigmatique, elle évoque certains liens en train de se tisser du côté des rives du Mékong...

En tout cas, désormais Kham voit son avenir en musique et va tenter de se donner les moyens de parvenir à se faire connaître. « La vie m'a appelée vers la musique – dit-elle – mais j'arrive de nulle part ; c'est une cagnotte participative m'a permis de réaliser mon premier album ; je devais faire une chanson, j'en ai fait dix. Tout ça est pour moi un privilège ; je le prends comme un cadeau de la vie ».

Il y a trois ans, elle n'avait pas encore conçu son projet musical ; aujourd'hui elle coche sur son agenda quelques dates de ses concerts et s'imagine chanter à Luang Prabang, l'ancienne capitale du Laos. Kham Kha entre dans sa nouvelle vie avec la belle énergie des quinqua !

Geneviève ROY

Pour aller plus loin : visiter le site de Kham Kha et découvrir sa musique sur Youtube - Pour chaque album Ma Déchirure vendu, 1€ est reversé à l'association Peuples et Montagnes du Mékong.

Voir Kham Kha en concert à Rennes en piano voix avec Jeff Alluin : le 5 novembre à 20h 30 au Bar de la Bascule , le 11 décembre à la Grande  Nomade à 16h 30 et à 19h et le 3 février à 20h 30 au Babazula

Retrouver Kham Kha sur la radio C-lab dans l'émission Ambiance Culture