A Lorient, la permanence « Moments pour elles » était depuis 2015 un lieu d'accueil et d'écoute pour les femmes victimes de violences conjugales. En novembre dernier, ce lieu a fermé. Faute de financement !

Un comble en pleine période de « grande cause nationale ». Un collectif s'est formé pour demander la réouverture de la permanence et entend bien aller jusqu'au bout. Et pourquoi pas jusqu'à Paris...

 

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« Les violences conjugales touchent de très nombreuses femmes, dans tous les milieux sociaux ; ces femmes ont souvent des difficultés à trouver de l'aide et ces violences impactent aussi leurs enfants » rappelle le communiqué de presse du collectif rédigé la semaine dernière.

La pétition en ligne a recueilli à ce jour près de 2300 signatures ; un rassemblement à Lorient le samedi 5 mai (nos photos) avait pour objectif de « sensibiliser l'opinion publique et d'interpeller les financeurs ». Pourquoi aujourd'hui alors que les portes ont fermé voilà six mois ? « Une bonne question » répond Aurore, une des membres du collectif qui se mobilise depuis quelques semaines. Une question qui trouve sa réponse dans la discrétion avec laquelle les choses se sont alors passées.

La permanence ouverte depuis plus de deux ans proposait d'accueillir les femmes victimes de violences conjugales du pays de Lorient et de les orienter selon leurs besoins vers des suivis psychologiques, sociaux ou juridiques. Animé par le CIDFF 56 et la Sauvegarde 56, ce lieu bénéficiait de financements de l'Etat via la Préfecture, du conseil régional et de la CAF du Morbihan. Chaque semaine, une assistante sociale, une psychologue et une juriste recevaient les visiteuses.

Une fermeture « discrète » découverte « par hasard »

En novembre dernier, c'est la Préfecture qui suspend son financement. Les autres subventions ne suffisent plus pour faire vivre la permanence, et le CIDFF qui en anime une autre à Vannes est « contraint de fermer celle de Lorient ». « Ça s'est fait assez discrètement » explique Aurore qui a découvert « par hasard » que la permanence n'existait pas lorsqu'elle a voulu y accompagner une personne « dans une situation compliquée ».

PermanenceLorientLe seul recours pour les victimes aujourd'hui est une permanence « uniquement juridique » proposée une demi-journée par semaine par le CIDFF. Sinon, commente encore Aurore « il faut aller jusqu'à Vannes ou avoir recours à des professionnel-le-s libéraux donc payants ou les CCAS ». Dans tous les cas, déplore-t-elle des personnes « qui ne sont pas forcément formées de façon spécifique à ces problématiques souvent très complexes ».

Le collectif souligne que « le seul lieu d'accueil pluridisciplinaire ouvert à Vannes trois demi-journées par semaine couvre donc un territoire d'environ 745.000 habitant-e-s » et que par ailleurs, « l'agglomération de Lorient regroupe plus d'un quart de la population du département ».

Des dispositifs différents d'un endroit à l'autre

Les quelques personnes « investies dans le milieu associatif » qui ont pris les choses en main pour demander la réouverture de la permanence entendent bien aller jusqu'au bout de leurs démarches. Elles auraient aimé avoir le soutien d'associations féministes, mais n'en ont pas trouvé à Lorient. Leurs courriers adressés aux anciens financeurs et au Secrétariat d'Etat à l'égalité femmes/hommes n'ont pas reçu de réponses à ce jour. Elles comptent sur les actions de rue pour faire bouger les choses.

lorient2« La pétition sera envoyée au Secrétariat d'Etat, à la Région, à la Préfecture, à la CAF, à la ville de Lorient et à l'agglomération » détaille Aurore qui envisage aussi une action auprès de la présidence de la République. « On a commencé à se renseigner sur ce qui existe en termes d'accueil dans les autres départements bretons et ailleurs en France – dit-elle – et on s'aperçoit que c'est très différent d'un endroit à l'autre et souvent insuffisant. On va essayer d'avoir un bilan un peu précis pour interpeller le président puisqu'il avait dit lui-même que ça devait être une des grandes causes de son quinquennat ! » Selon le collectif la somme de 40 000 € suffirait chaque année pour rétablir et pérenniser le dispositif ; une somme jugée « dérisoire ».

Geneviève ROY

Pour signer la pétition : c'est ici !