« On a bien grandi » s'enthousiasme Fanny Dufour qui vient de fêter à Rennes les deux ans des Nouvelles Oratrices.

Créée le 8 mars 2020, à quelques jours du premier confinement, sa société peut s'enorgueillir d'avoir déjà formé plus de 450 femmes et de faire travailler régulièrement quatorze formatrices entre Rennes, Brest, Quimper, Nantes, Vitré, Paris et Lyon. « Une belle petite communauté de femmes » résume-t-elle.

Pour l'automne, elle prépare un premier événement grand public et se réjouit d'avoir déjà pu créer plusieurs emplois.

 

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 Une vieille maison bourgeoise dans une petite rue calme, derrière la place Hoche, transformée en locaux partagés pour de jeunes entreprises. Une cour intérieure avec ses tables de bois, ses bancs et son barbecue. Une table de ping-pong, un chat, un chien et quelques arbres pour faire de l 'ombre. C'est au sein de ce décor idyllique que Fanny Dufour se réjouit de voir grandir sa petite entreprise. « Le bilan est plutôt positif – dit-elle – en pleine crise du covid ! »

Quand on entame une formation avec Les Nouvelles Oratrices, on fait le choix d'entrer dans un cercle. Un terme auquel Fanny Dufour tient particulièrement ; « tout le monde est pareil autour d'un cercle – argumente-t-elle – c'est un peu le symbole du non jugement et du fait que chacun.e a à apprendre des autres et aux autres ! »

 

« Toutes les femmes

via les encouragements des unes et des autres

arrivent à prendre la parole »

 

Ces cercles, uniquement constitués de femmes, se déclinent de six à dix personnes maximum et regroupent principalement des participantes de 35/45 ans, managers ou créatrices d'entreprises ou femmes en recherche d'emploi ou en reconversion. Ce qu'elles viennent chercher auprès de Fanny Dufour et de ses équipes, c'est d'abord une certaine légitimité. « L'idée c'est vraiment de dédramatiser la prise de parole et de s'entraider » développe Fanny Dufour qui fait au sein des groupes une large place à la sororité.

« C'est toujours très bienveillant – dit-elle encore - toutes les femmes via les encouragements des unes et des autres arrivent à prendre la parole et chacune progresse à son rythme ». On s'essaie, on s’entraîne, seules, en binôme, en trinôme, on prend le temps d'échanger sur ses expériences passées, on teste des méthodes, des outils...

Timides les femmes ? Certaines, oui ; pas toutes. Mais toutes un moment ou l'autre dans leur vie professionnelle se heurtent à cette espèce de syndrome de l'impostrice qui rend difficile l'affirmation de soi et de ses idées. Les formations proposées insistent sur la confiance en soi, la posture, le placement de la voix, tout ce qui va permettre dans une réunion ou face à un public d'oser affirmer ce en quoi on croit.

fanny2Les groupes non mixtes sont essentiels, confirme Fanny Dufour, qui précise : « le fait d'être entre femmes fait qu'on se sent tout de suite moins jugées et qu'on ose aller plus loin. C'est un vrai terrain de jeu et une fois qu'on a vécu ça, dans la vraie vie, devant des hommes et des femmes, on y arrive plus facilement. » Des exercices qui passent par la gestion des émotions – les siennes et celles de l'auditoire – et l'apparence physique. « Il y a toujours ce regard masculin qu'on a toutes intériorisées – explique encore Fanny Dufour – nous, on dit aux femmes : si vous êtes bien en basket, portez des baskets et si vous vous sentez mieux en talons hauts, portez des talons hauts ! Aux autres d'accepter qui on est ! »

 

« Est-ce que c'est aux femmes de changer

ou est-ce que c'est à la société d'évoluer ? »

 

Présente dans les collèges et les lycées pour préparer les élèves à leurs futurs oraux, en partenariat avec Pôle Emploi pour redonner confiance aux personnes éloignées du monde du travail, auprès de femmes élues locales ou d'enseignantes mais aussi de détenues de la prison de Rennes, c'est en essaimant un peu partout que Fanny Dufour compte faire avancer les choses. «  Est-ce que c'est aux femmes de changer ou est-ce que c'est à la société d'évoluer ? » fait-elle semblant de s'interroger, connaissant déjà la réponse puisqu'elle ajoute dans un rire «  si dans quelques années, je n'ai plus de boulot, ça voudra dire que l'école a changé, qu'on travaille plus l'oralité et qu'on a même contribué à faire évoluer les hommes pour qu'ils assument eux aussi leurs émotions. »

En attendant pour fêter le deuxième anniversaire des Nouvelles Oratrices, c'est un nouveau concept qui se met en place. Pour celles qui ne souhaitent pas intégrer un cercle de formation de huit modules « où on prend tout, on ne picore pas » durant quatre fois quatre heures ou huit fois deux heures, l'Aventure répond à des demandes spécifiques.

Seize modules de deux heures trente proposés à la carte où chacune vient faire son choix en fonction de ses besoins précis. On est toujours sur la prise de parole mais on va un peu plus loin sur certaines thématiques comme par exemple : parler face caméra, négocier son salaire, améliorer son sens de la répartie….

Des pré-inscriptions ouvertes pour le lancement de cette Aventure en juin ou septembre 2022, un événement grand public à Rennes le 10 septembre 2022 pour mettre à l'honneur des femmes inspirantes, les idées ne manquent pas pour assurer l'avenir des Nouvelles Oratrices. « Je ne veux pas m'arrêter juste à former des femmes – déclare Fanny Dufour – il faut aussi qu'on entende toutes les belles idées qu'elles ont » Et elle se réjouit d'avoir pu grâce à ses idées à elle créer deux emplois pour des jeunes femmes de moins de trente ans et un troisième prochainement pour assurer le suivi commercial de l'entreprise.

Geneviève ROY

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