L'histoire commence en 2008 à Ty Blosne, au sud de Rennes. Coralie Brunot dépose sa fille à la halte-garderie et s'entretient avec le personnel du centre social. Institutrice en reconversion, elle est chanteuse et souhaite partager sa passion.

Dès le mois de mars suivant, l'ensemble vocal Kamaïeu propose un premier concert à l'occasion de la journée des droits des femmes. Une évidence pour la cheffe de chœur qui commence alors ses recherches pour enrichir le répertoire.

Huit ans plus tard, c'est un best-of qui est proposé le 12 mars 2016 lors d'un apéro lyrique conçu pour satisfaire tous les appétits.

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« Les femmes, ça nous a paru très vite évident – explique Coralie Brunot – j'étais une maman, j'étais entourée de copines, de femmes et de jeunes filles qui chantaient avec moi, des étudiantes jusqu'à des retraitées. »

Depuis 2008, chaque année le hall du centre social Ty Blosne devient l'écrin d'un concert unique au mois de mars. L'ancienne enseignante a gardé intact son envie de transmettre et c'est à dessein que le lieu du rendez-vous est un lieu ouvert, pour permettre à tout le monde d'accéder « à des musiques rarement diffusées sur les ondes. »

La chanteuse dit s'être « cultivée » grâce à cette aventure : « J'ai fait des découvertes extraordinaires, des compositrices et des auteures que je ne connaissais pas. On a mélangé les styles, montré que tout était possible en même temps. »

« En cet écrit, j'ai mis mon nom »

L'ensemble vocal revisite l'histoire du chant, depuis Christine de Pisan, première femme poète à vivre de sa plume au 14ème siècle jusqu'à Barbara ou Juliette en passant par les chants de lutte des femmes prolétaires, le Verfügbar de Germaine Tillon ou encore le Stripsody de Cathy Berberian. « Une année, on a collecté des paroles de femmes du quartier – se souvient Coralie Brunot – et on les a mises en miroir avec les textes de Christine de Pisan et notamment sa centième ballade où elle dit : en cet écrit, j'ai mis mon nom ». Des femmes qui revendiquent le même droit à l'expression à des siècles d'écart ; tout un symbole !

Coralie2« Je suis prête toujours pour toutes les aventures. Chaque année mes élèves me disent : on ne sait pas si on va pouvoir ; et puis, on s'embarque à chaque fois ! » dit encore la soprano qui a choisi pour la neuvième édition des Apéros lyriques un best-of de toutes les créations passées intitulé « voix et vies de femmes ».

Des scènes éclairées, proches du public

Chanteuse et professeur de chant, Coralie Brunot a créé sa propre compagnie Ezgourdmirettes pour éveiller les enfants à la musique classique « l'air de rien ». Avec Kamaïeu, elle mitonne trois rendez-vous annuels : les vœux aux habitants du quartier en janvier, la journée des femmes en mars et la fête de la musique en juin. Toujours au Blosne, parce que dit-elle « on est attachés à notre quartier ».

Et ce sont ces scènes qui n'en sont pas vraiment (le hall du centre social, la halle du Triangle) qu'elle affectionne particulièrement. « Je préfère les scènes éclairées, proches des gens plutôt que les salles noires – confie-t-elle – je vois les gens réagir, je les vois rire ou pleurer, je capte les regards, les mimiques, c'est ce que j'aime dans mon métier de chanteuse ; on passe par toutes sortes d'émotions et d'univers. »

Et après le concert, vient l'heure de l'apéro, préparé par les usagers du centre social. L'occasion pour le public d'échanger avec les chanteur-se-s. « Il y a des débats autour des femmes artistes – explique encore Coralie Brunot – on parle du statut des unes et des autres, de quoi on vit. Une vraie question pour les artistes ! »

Geneviève ROY

Pour aller plus loin :
Apéro lyrique Voix et vies de femmes au centre social Ty Blosne, samedi 12 mars à 17h 30 avec pour la première fois la participation de la compagnie Erébé Kouliballets – réservation au 02 99 50 90 47 – Tarif : 3€/4€