Toutes les trois se réjouissent d'avoir créé leurs entreprises en Bretagne. Qu'elles y soient nées ou arrivées plus tard dans leur parcours de vie, Marjory, Ariane et Michaela, trois des huit femmes élues Femmes de l'Economie 2014 en Bretagne, goûtent à cette qualité de vie qu'offre la région et ne voudraient pas aujourd'hui travailler ailleurs.

Elles partagent un autre point commun : leur envie de donner l'exemple à d'autres femmes qui hésiteraient à franchir le pas de la création d'entreprise.

 

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 marjorytexier1Marjory Texier est née à Dinard et c'est là qu'elle travaille aujourd'hui à 34 ans. « J'ai beaucoup bougé – dit-elle – dans d'autres régions et même à l'étranger, mais j'aurais du mal maintenant à vivre loin de la mer et loin de la Bretagne ! » Son agence de wedding-planner, créée voilà neuf ans, dispose d'une agence bis à Paris, mais Marjory se dit « fière d'avoir le siège social en Bretagne ». Ce qui n'empêche pas cette jeune femme dynamique de travailler partout en France et même plus loin. « Notre zone d'action est le grand Ouest au sens très large, d'Etretat à la Baule en passant par Paris, mais on organise des mariages partout ; pour l'année prochaine on en prépare deux en région Sud-Est et un aux Baléares ! » s'enthousiasme-t-elle.

Michaela Langer-Menke, elle, est arrivée à Rennes en 2003 quand elle a racheté à la société américaine qui l'employait sa filiale européenne. Pour cette allemande de 47 ans, la priorité à l'époque était bien la recherche d'une qualité de vie que n'offrait pas la région parisienne. « Nous étions trois familles à venir de Paris avec l'entreprise et nous avions tous des enfants en bas âge – raconte-t-elle – la qualité de vie était importante pour nous et nous avons en plus bénéficié de l'aide d'institutions comme la chambre de commerce. » Dix ans plus tard, elle voyage dans le monde entier et exporte sa production notamment en Chine et en Russie mais a choisi de construire un nouveau siège social à Bruz en périphérie de Rennes.

Ariane Pehrson, enfin, est catégorique ; « la Bretagne me convient ! » dit-elle. Pour cette suédoise qui a d'abord vécu dans le Sud puis en Charente et en Vendée, la Bretagne est la région de France qui se rapproche le plus de son pays d'origine. « La région est belle et dynamique, le climat est tempéré, les gens sont vrais – énumère-t-elle – c'est une région qui me tient beaucoup à cœur et je me vois mal emmener mon entreprise ailleurs ! »

Une priorité : une vie équilibrée

arianepehrson1Pourtant, Saveurs et Logistique, l'entreprise qu'elle a créée en 2010 pourrait facilement s'expatrier. Il s'agit en effet d'une plate-forme de vente en ligne de produits lyophilisés ; mais si Ariane a choisi Lorient c'est pour être au plus prêt de ses premiers clients, les navigateurs, parce qu'elle voulait être physiquement présente non loin d'eux au cœur du pôle courses au large du Morbihan.

Son entreprise, quatre ans plus tard, regroupe une dizaine de marques différentes et offre donc un choix considérable, avec plus de 400 produits distincts, non seulement pour les marins qui embarquent pour des traversées de plusieurs semaines voire plusieurs mois, mais aussi pour tous ceux qui partent en expédition en montagne ou ailleurs et ne peuvent ni emporter de la nourriture fraîche ni trop charger leurs bagages.

Le site lyophilise.fr exporte désormais dans plus de quarante pays notamment en Amérique du Sud et en Asie. Ariane, elle, continue à gérer sa vie professionnelle et sa vie privée avec tout ce que lui a apporté son éducation suédoise. « La priorité pour moi, ce n'est pas l'entreprise mais ce n'est pas la famille non plus – explique-t-elle – la priorité c'est l'équilibre. Je me plais beaucoup dans mon travail et je prends du plaisir à le faire, mais je prends encore plus de plaisir à passer du temps avec mes trois filles dont la plus jeune n'a que quatre ans ! En Suède, les enfants passent très peu de temps à l'école et beaucoup avec leurs parents et je ne veux pas que mon entreprise soit un frein à ma vie familiale. »

Alors, elle s'organise. Levée tous les matins à six heures, elle travaille chez elle jusqu'à huit heures puis s'occupent de ses filles et arrive tard au bureau d'où elle repart vers seize heures ; et elle poursuit sa journée de travail quand ses filles sont couchées. « Mes temps de présence physique à l'entreprise sont comptés – reconnaît-elle – mais ce sera toujours comme ça ! » Ariane trouve même du temps pour faire du sport le midi pour se sentir « bien dans [ses] baskets ! »

Un constat : une récompense, ça dynamise

La gestion vie privée/vie professionnelle est aussi une priorité pour Michaela Langer-Menke. Cette chimiste, habituée à un milieu plutôt masculin, compte aujourd'hui sept femmes dans son équipe de dix personnes. « Nous essayons – dit-elle – de trouver un bon équilibre entre la qualité de vie et la qualité de travail et pour ça nous faisons en sorte que chacun-e se trouve bien chez nous avec un système de télétravail notamment. » Michaela a souvent collaboré avec des hommes plus âgés qu'elle qui lui ont dit combien ils regrettaient de ne pas avoir passé plus temps avec leurs enfants quand ils étaient petits. « Ils ressentaient un manque et m'ont dit : ne fais pas la même erreur – raconte-t-elle – et pour moi, la famille est très importante. C'est important pour mes enfants, mais ça l'est aussi pour moi ! »

michaelaetcelineLe prix qu'elle vient de recevoir, Michaela (au centre sur la photo) souhaite le partager avec son associée, Céline Vignaud (à gauche), mais aussi avec toute l'équipe de Triskem International. « Ce n'est pas moi qui ai reçu le prix – dit-elle modestement – c'est surtout une grande reconnaissance pour l'équipe car sans eux, je ne sers à rien ! Ça crée une dynamique et tout le monde est super fier. »

Un sentiment que partage Marjory Texier. « Ça booste -dit-elle évoquant la remise du prix à Saint-Malo le 14 octobre dernier – d'entendre des femmes aux carrières brillantes vous dire : c'est chouette ce que vous faites, continuez ! »

Une envie : être un exemple pour d'autres

Pour cette jeune femme l'aventure a commencé en 2005 alors qu'elle hésitait à se lancer, sûre que ça ne pouvait pas marcher. « Je me disais : je n'ai que vingt-quatre ans, je vais forcément tomber sur un os ; je ne peux pas monter ma boite maintenant, c'est trop tôt ! » Et pourtant, Com'une Orchidée est une belle réussite dans un domaine aujourd'hui en plein développement ; « c'est un métier qui fait rêver – analyse Marjory – mais c'est d'abord un métier qui demande beaucoup de professionnalisme et de savoir-faire. Ça ne demande pas beaucoup d'investissement, un ordinateur avec une connexion Internet et un téléphone suffisent pour démarrer, mais ce n'est pas parce qu'on a organisé son propre mariage qu'on peut devenir wedding-planner. » D'ailleurs l'entreprise bretonne s'est désormais dotée d'un volet formation.

Si la jeune femme estime qu'il est encore trop tôt pour savoir ce que ce prix changera pour elle, elle se réjouit pour l'instant des nombreux mails et autres courriers de félicitations qu'elle a reçus. Ariane Pehrson, elle, savoure sa récompense en famille. « Rentrer avec un beau trophée à la maison, c'est quand même chouette pour une maman ! - s'exclame-t-elle – ça crédibilise l'entreprise et ça valorise ceux qui y travaillent mais c'est aussi important pour la famille. Et j'encourage toutes les femmes qui en ont envie à créer leur entreprise. C'est chouette d'entreprendre, d'être autonome, d'être libre dans son activité. Moi, ça me passionne ! »

« Ce que je fais n'a rien d'extraordinaire – dit de son côté Michaela – mais ça peut donner envie à d'autres femmes qui se diront : si elle a réussi, pourquoi pas moi ? Mes parents m'ont fait confiance et m'ont toujours dit : fais ce que tu veux. C'est une chance ! La vie est belle, il faut oser faire des choses et voir le verre à moitié plein plutôt que le verre à moitié vide ! »

Geneviève ROY

Palmarès du Trophée des Femmes de l'Economie 2014

Michaela Langer-Menke, Triskem International, Prix Femme Chef d'Entreprise
Marjory Texier, Com'Une Orchidée, Prix Femme Communicante
Ariane Pehrson, Saveurs et Logistique, Prix Marché International

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Les autres lauréates :
Karen Heitzmann, Steria, Prix Femme Dirigeante
Estelle Bagot, Eliga, Prix Entreprise Prometteuse
Stéphanie Seznec, Britanie, Prix de la Performance Commerciale
Mathilde Thébaut, Océane Consulting Data Management, Prix Nouvelles Technologies
Gaella Hangouet, MAC Mobilier, Prix Femme dans l'Industrie

Plus d'informations, des photos et des vidéos sur le site des Femmes de l'Economie