Le prochain grand rendez-vous de l'association Un Monde qui s'accorde est prévu à Rennes en avril sous le titre, mélange de lingala et de breton, « Zinga Bro », en français « lier les pays ».

Et Amandine Greneche, à l'origine de ce projet, n'en revient toujours pas. Le « collectif informel » créé avec deux copines en 2018, pour préserver et valoriser les cultures traditionnelles orales en Bretagne et en Afrique, a pris une ampleur inespérée ; elle se réjouit aujourd'hui de voir cet engagement bénévole rejoindre ses ambitions professionnelles.

« L'asso couvre mon projet professionnel et ma passion aussi ; en plus, elle me permet de voyager et de constituer des archives pour mon mémoire de Master 2, donc, c'est tout bon ! » s'enthousiasme-t-elle.

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« Ça vient d'un poème gabonais qui dit : la harpe s'accorde mais le monde ne s'accorde pas ; nous, on s'est dit : pourquoi pas essayer ? » En quelques mots, Amandine Greneche a tout dit de son projet. Derrière l'association Un Monde qui s'accorde, il y a « le côté social et le côté musical ». Il y a aussi le Gabon, pays d'origine de la jeune femme où elle n'était jamais allée.

Etudiante en fac d'Histoire et d'anthropolie, Amandine a fait des traditions culturelles et de l'oralité son sujet de recherches. Et comme la théorie ne lui suffit pas, elle veut aussi « faire du terrain ». Avec deux amies étudiantes Coline Ouisse et Enora Avila Cardinal – l'une en arts du spectacle, l'autre en sociologie – elle décide donc de partir pour le Gabon afin de réaliser un film sur les musiques traditionnelles. Durant ces deux premiers mois de découverte du village de sa grand-mère, à deux jours de pistes d'une ville, elle se livre à un travail de collecte de chants, de danses et de contes.

logoUnmondeVoilà bien l'objectif de ce projet, devenu association en décembre 2020 : promouvoir et valoriser les cultures traditionnelles et leur réappropriation actuelle. Autrement dit, s'intéresser à la mémoire mais aussi à la création notamment de jeunes slameurs, rappeurs ou danseurs « qui ont envie de revenir aux sources ». La source des cultures africaines bien sûr mais aussi de la culture bretonne, forte elle aussi de traditions en matière de musique et de contes. Un partenariat s'est d'ailleurs mis en place entre le Gabon et une association de Brocéliande autour d'un projet sur les forêts et les légendes. Une occasion pour Amandine de « faire le pont » entre ses deux pays.

Derrière la caméra et non pas devant

Mais c'est bien du monde qu'il est question ici. Un Monde qui s'accorde a aussi noué des liens avec le Sénégal ou le Cameroun et se projette dans l'avenir du côté des cultures amazoniennes voire asiatiques. A l'occasion de la résidence proposée en avril, c'est un DJ péruvien qui sera invité à la soirée de clôture à la salle de la Cité, le 16 avril. Auparavant, la résidence « moitié Afrique, moitié Pays Celtes » aura rasemblé des artistes venu.es d'Afrique et de Bretagne mais aussi d'Ecosse, d'Irlande et de Normandie.

Valoriser le travail des artistes par de la production de spectacles ou l'animation d'un espace culturel était l'ambition professionnelle d'Amandine. Grâce à son association, elle concrétise plus vite que prévu ses rêves tout en faisant avancer ses recherches. Une source de joie pour la jeune femme qui se réjouit par ailleurs d'avoir ainsi pu tisser des liens forts avec son pays d'origine. « C'était important que j'y aille et que je retrouve ma famille – dit-elle aujourd'hui – mais que je n'y aille pas toute seule et avec un objectif ».

Dans cette région pauvre du sud du Gabon, elle n'aurait pas souhaité arriver « comme la poule aux œufs d'or venue de France et qui va sauver le village ! » Avec son film, Amandine a surtout voulu montrer qu'elle était « derrière la caméra et pas devant », que c'était bien elle qui venait « apprendre des Gabonais et non pas imposer des normes et des façons de voir très occidentales ». Son envie, là encore, de valoriser les autres !

Geneviève ROY

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